LA JEUNESSE ET LE MODE DE VIE LIBÉRAL

Les délégués se sont réunis ce matin lors d’un premier l’atelier pour discuter de la question reposant au cœur de toute sociologie :

Comment vivons-nous ?

Le libéralisme est l’une des principales idéologies qui influencent les jeunes et la société de manière générale d’aujourd’hui. L’atelier était dirigé par Senar, membre de l’Union des étudiants du Kurdistan (YXK) et Marta Sanchez, venant pour Comunes, organisation communiste colombienne issue d’une guérilla pour la redistribution des terres.

« Comment le libéralisme affecte-t-il la société et en particulier les jeunes ? »

Pour répondre à cette question, Marta a expliqué que le libéralisme est lié à une économie capitaliste mondialisée, qui affecte en particulier le mode de vie des femmes et des jeunes en Colombie, leur capacité à travailler et à gagner leur vie. Cependant, loin de se limiter à des conditions matérielles, le libéralisme est un système philosophique et idéologique à la base d’une politique et d’une économie globales.

C’est pourquoi la solution passe par un autre type d’éducation, qui aide les jeunes à agir et à vivre différemment, avec une mentalité libérée du patriarcat et de toute attitude dominatrice.

Comunes se bat pour changer le système scolaire. Un défi qui nécessite une attention particulière en Colombie, car très peu de personnes peuvent accéder à l’enseignement supérieur ; seulement 30 % des diplômés de l’enseignement secondaire.

Nous avons besoin d’une éducation gratuite et de meilleure qualité, qui nous appartienne et non à l’État !

Comme l’a souligné Senar, tant que le système éducatif recevra un financement et un soutien de l’État, l’éducation sera toujours soumise à l’idéologie nationaliste et libérale de l’État-nation. Ce n’est pas seulement un slogan, mais bien ce pour quoi les mouvements étudiants de Colombie ont combattu en s’organisant dans les rues, comme lors des grandes manifestations étudiantes qui ont eu lieu en 2011 et en 2018.

Un autre point important que Marta a mentionné, en parlant de la lutte des Comunes contre le service militaire obligatoire, est la façon dont l’État-nation tente de coloniser l’identité des jeunes par le biais du recrutement militaire. Une stratégie qui, pendant des années, a volé la vie et l’esprit des jeunes du monde entier, détruisant leur capacité à se concevoir comme une force révolutionnaire et à trouver de vraies réponses pour eux-mêmes et leurs communautés. Dans l’armée et à l’école, la tentative de l’État-nation d’annihiler la personnalité des jeunes atteint certaines de ses formes les plus brutales.

La discussion s’est ensuite concentrée sur l’Europe, où l’influence des valeurs capitalistes est particulièrement forte : travailler dur pour obtenir un meilleur salaire, fonder une famille, acheter une voiture coûteuse et le dernier modèle de l’objet le plus à la mode. Tout cela repose sur un système éducatif qui nous pousse à penser de manière individualiste – une attaque contre notre personnalité, que nous pouvons ressentir dès notre naissance et qui prend une forme particulièrement forte à l’école, lorsque les jeunes commencent à développer leur autonomie et à concevoir leur vie. On nous enseigne qu’il n’y a pas d’objectif supérieur en dehors de nous-mêmes, ce qui affaiblit notre volonté.

« Il est difficile pour les jeunes d’avoir un impact réel sur la crise sociale actuelle parce que nous ne sommes pas conscients de nos objectifs individuels. Nous sommes détachés de notre corps et de notre esprit »

Senar, parlant du mode d’organisation kurde, souligne l’importance de centrer la politique dans notre vie quotidienne, comme une forme d’autodéfense contre les attaques du libéralisme. Cela signifie développer une vie politique, une conscience politique, qui nous permet de vivre dans la lutte et pour la lutte à chaque instant de notre vie. Nous devons renforcer la solidarité de voisinage, une manière de vivre en commun à travers des principes partagés qui profitent réellement à notre vie collective.

Il a également parlé de la nécessité de nous organiser de manière autonome, en construisant des coopératives et des structures sociales qui peuvent nous aider à éradiquer les valeurs patriarcales. Pour cela, comme il est ressorti clairement de l’atelier, nous devons nous éduquer et nous réapproprier les sciences. Cela est nécessaire si nous voulons apprendre à vivre en dehors de l’Etat, en dehors de son contrôle et de sa dépendance.

« Nous ne pouvons pas créer une société si nous ne retrouvons pas cette humanité en nous, si nous ne nous considérons pas comme faisant partie de la nature et non comme quelque chose que nous pouvons utiliser pour résoudre nos problèmes. En tant que jeunes, nous devons retrouver l’énergie qui vient du partage et de la pensée, de l’action et de l’existence collective.

Comment se défendre des attaques du libéralisme et du capitalisme ? La solution et l’énergie qui l’alimente doivent venir des femmes, des jeunes et des minorités – le premier pas vers une vie libre consiste à identifier le problème et l’impact qu’il a sur la société et sur notre mentalité. La deuxième étape consiste à façonner notre propre vie politique. Pour ce faire, nous devons, en tant que jeunes, nous rapprocher de nos communautés et de nos identités culturelles et résister aux attaques du libéralisme !

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